Le Business Plan est un sujet qui revient très souvent lorsque l’on crée une entreprise. Cependant je fais partie des personnes qui pensent que cet outil n’est pas forcément utile en toutes situations : certaines fois il ralentit la progression entrepreneuriale plus qu’autre chose.
D’ailleurs, en 2013, nous avons fait un procès du business plan lors duquel nous voulions le brûler car il était un tueur d’entrepreneurs.
Rémy a également donné son point de vue sur le sujet durant son MSB Show 39 que vous pouvez redécouvrir en visionnant la vidéo ci-dessous.
Voici la vidéo de cette semaine :
Dans ce nouvel article, je partagerai avec vous :
- les situations pour lesquelles le business plan tue l’esprit d’entreprendre
- les alternatives au business plan
Les situations pour lesquelles le business plan est « inutile »
Un business plan est composé des points suivants :
- Un résumé de son activité (la cible, l’offre, la stratégie, le positionnement, les actions clés, les partenaires, …) ;
- La définition de son produit ou service (offre) ;
- Les grandes étapes « anticipées » de son projet ;
- Le positionnement et les tarifs ;
- L’étude du marché (clients, concurrents, …) ;
- Les prévisions financières (si c’est vraiment prévisible…) ;
- …
Avant d’apporter mon point de vue sur ce document à produire, j’aimerais partager l’avis sur le business plan d’un de mes mentors en entrepreneuriat, Claude Ananou, professeur à HEC Montréal lors de son discours durant le Procès du Business Plan.
« Le business plan, ou plan d’affaires, tient ses origines des plans soviétiques. L’URSS a inventé un système de planification de son économie consistant à créer des plans industriels sur une décennie.
Suite à la crise du pétrole durant les années 1970, certains pays comme la France ont eux aussi adopté ce système, pour enfin être repris par les grandes entreprises.
Le plan d’affaires est peut-être résumé comme une réponse à un besoin des banquiers : rassurer les banques et autres institutions financières imitant les grandes entreprises.
Cette pratique va à l’encontre de la nature des entrepreneurs qui vivent leurs aventures au jour le jour. L’entrepreneur n’est pas un devin qui prédit l’avenir, c’est un artiste qui crée pour impacter son environnement. »
Pour ma part, voici les désavantages à réaliser ce type de business plan avant de se lancer :
- C’est très chronophage et le temps de réflexion est du temps en moins pour l’action,
- C’est énergivore (cela prend beaucoup d’énergie et n’en donne pas du tout contrairement à l’action qui apporte des résultats),
- Cela déconnecte de la réalité et du terrain (on ne teste rien, on ne fait que réfléchir et penser),
- …
A mon avis, si vous êtes un entrepreneur indépendant, que vous prenez un risque financier mesuré avant de vous lancer, je vous déconseille de perdre trop de temps et d’énergie à utiliser cet outil : privilégier l’approche « itérative », d’amélioration continue par l’action. J’en parlerai dans le paragraphe suivant sur les alternatives au business plan.
Les alternatives au business plan
Le business plan répond à plusieurs besoins :
- clarifier la vision de l’entrepreneur,
- faciliter le partage de cette vision avec des tiers (d’autres associés, des investisseurs potentiels, …),
- piloter son activité afin d’identifier ses résultats et comment on avance par rapport à ses objectifs,
- support pour prendre des décisions,
- …
Pour répondre à ces besoins, je pense qu’il existe des outils beaucoup plus légers et simples à adopter comme le propose par exemple le LEAN Startup, le Business Model Canevas, ou l’approche Synopp par exemple.
Pour ma part, je vous invite à créer votre propre outil de gestion car vous connaissez mieux que personne comment vous fonctionnez.
Pour votre vision, comment définir la raison d’être de votre entreprise et ce qu’elle apporte au monde ? Pour répondre à cette question, vous pouvez utiliser l’outil QQOQCPP : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ? Pour Quoi ?
Pour faciliter le partage de cette vision avec d’autres personnes, n’hésitez pas à construire votre présentation autour d’un « scénario client » pour bien comprendre comment votre concept fonctionne. Cela rend l’explication plus concrète et facile à digérer.
Pour piloter votre activité, rien ne vaut définir vos propres indicateurs et de vous fixer des objectifs courts, moyens et longs termes afin de mieux mesurer vos avancées. Par exemple nombre de clients, d’abonnés, d’inscrits, sur certaines échéances.
Et bien entendu, le plus important est de tester, analyser et évoluer que ce soit pour votre outil de pilotage ou pour votre manière d’entreprendre.
Rien ne vaut ces bilans orientés « évolution par de nouvelles décisions et actions » pour progresser et vous améliorer. Car comme je l’expliquais dans mon dernier article sur « Une idée ne vaut rien » les résultats seront les meilleurs arguments pour convaincre des partenaires ou investisseurs potentiels.
Défendre son projet auprès de partenaires ou investisseurs potentiels c’est comme le défendre au tribunal, vous devez :
- créer une relation de confiance et de sympathie avec vos autres interlocuteurs,
- exposer des preuves solides pour votre dossier,
- être accompagnés par des témoins consolidant vos arguments,
- avoir une histoire qui tient la route et qui crée la sympathie.
Pour conclure, je dirais de vous préparer comme un avocat avant d’aller au tribunal plutôt que de travailler comme un devin qui cherche à prédire le futur dans 10 ans.