Vous cherchez à développer l’activité de votre entreprise et pour cela vous avez besoin de fonds supplémentaires ? Vous avez pensé à la levée de fonds mais… pas si simple de s’y retrouver dans son jargon et d’en comprendre tous les tenants et les aboutissants ?
Rassurez-vous, il est bien naturel de se sentir perdu face à l’étendue de ce qu’induit une levée de fonds. D’autant plus que c’est une véritable palette de possibilités qui s’offre à vous !

Alors comment procéder à une levée de fonds ?
Quand se lancer dans les démarches ?
Auprès de quel type d’investisseurs faut-il s’engager ?
Quelles sont les différentes étapes de la levée de fonds ?

On vous dit TOUT !

La levée de fonds, est-ce fait pour moi ?

Avant toute chose, il est important de revenir sur le terme même de levée de fonds. Concrètement, il s’agit d’un mécanisme qui vous permet d’ouvrir votre capital à des investisseurs, qu’il s’agisse de personnes physiques ou de personnes morales. En échange d’un apport en numéraire, ils prennent une participation au capital de votre entreprise. La conséquence ? Une dilution de vos actions. Autrement dit, en permettant à des investisseurs d’intégrer votre capital vous perdez une partie de vos actions et de votre pouvoir de décision. La levée de fonds présente néanmoins des avantages indéniables puisqu’elle vous permet d’accélérer la croissance de votre entreprise en recrutant du personnel ou en augmentant le budget de vos dépenses de marketing par exemple.

Bon à savoir : Une levée de fonds peut intervenir à toutes les étapes de la vie de votre entreprise. Quand elle a lieu, la valeur de l’entreprise doit être évaluée et négociée. Les investisseurs qui font leur entrée au capital vont alors payer leurs parts en fonction de prix évaluée et non du prix nominal (ou initial).

Si vous êtes une startup technologique et/ou innovante, vous aurez probablement du mal à accéder à un prêt bancaire en raison d’un chiffre d’affaires souvent peu consolidé. Vous représentez un risque important pour les établissements bancaires. Pour vous, il sera plus facile de passer par le mécanisme de la levée de fonds. D’autant plus qu’avec un fort potentiel de développement, vous êtes très  intéressant pour des investisseurs !

Rassurez-vous, vous pourrez bénéficier d’une levée de fonds que vous soyez une startup, une TPE ou encore une PME. C’est davantage votre projet et votre besoin qui importe plutôt que votre statut juridique. De même, nul besoin que votre projet soit tourné vers l’innovation ou vers la tech. Une levée de fonds est toujours possible, quel que soit le secteur dans lequel vous évoluez.

Quels investisseurs pour ma levée de fonds ?

Sujet sensible, parlons-en.

Faire le bon choix

Dans le monde des investisseurs, on retrouve 3 grands groupes :

• Les fonds privés : Ils rassemblent la plupart des grands fonds d’investissement en France et à l’international. Ce sont ces fonds privés qui procèdent à la plupart des levées de fonds réalisées par les entreprises.
• Les fonds publics : Souvent sous l’égide de Bpifrance, ils peuvent aussi être accessibles directement en région. Ils conviendront davantage aux entreprises qui ne dégagent que peu de chiffre d’affaires dans la mesure où les fonds publics ne cherchent pas une rentabilité aussi importante que les fonds privés.
• Les fonds corporates ventures : Rattachés à des entreprises, ces fonds ont pour but principal de faire évoluer l’offre de leur maison mère.

Pour faire le bon choix entre les différentes solutions d’investissement qui s’offre à vous, vous devez prendre en compte différents paramètres parmi lesquels le niveau de maturité de votre entreprise, le montant que vous espérez lever, votre secteur d’activité et vos ambitions. C’est l’ensemble de ces paramètres qui vous permettront de vous orienter naturellement vers l’un ou l’autre des investisseurs. En effet, une toute jeune entreprise qui cherche avant tout à tester son produit ne s’adressera pas au même fonds qu’une TPE qui se dirige vers une internationalisation.

Les différents types d’investissements

Faire appel au crowdfunding

Le crowdfunding permet aux fondateurs d’une entreprise ou aux concepteurs d’un projet de se constituer un capital nominal. Cette méthode de financement participatif consiste à solliciter un nombre plus ou moins important d’investisseurs et de financeurs, qu’il s’agisse de particuliers ou de professionnels. A la différence du Love Money, ces personnes ne feront pas uniquement partie de votre entourage proche et direct. En effet, toutes les personnes souhaitant soutenir votre entreprise ou votre concept sont susceptibles d’injecter de l’argent par le biais du crowdfunding. L’investissement peut se faire sur la base de dons avec ou sans contrepartie, au travers d’un prêt (crowdlending) ou d’une ouverture de capital modérée (Equity) ou encore en échange de royalties sur le chiffre d’affaires réalisé.

Passer par l’étape du crowdfunding est intéressant, en particulier si vous cherchez à obtenir un prêt ou des subventions. Bien entendu, cette méthode peut également vous permettre de financer votre projet dans son ensemble auquel cas… tant mieux ! Mais il est surtout un facilitateur si vous cherchez à obtenir des investissements beaucoup plus importants !

Vous voulez faire appel au crowdfunding ? De nombreuses plateformes existent telles que Kisskissbankbank, Ulule, Wiseed, Kickstarter, Tudigo… A vous de faire le bon choix en fonction de la nature de votre projet !

Débuter avec les fonds d’amorçage (seed funding)

Destiné à faciliter le démarrage d’une entreprise, le fonds d’amorçage intervient au premier tour de table pour vous permettre de financer vos premiers besoins et vos études de faisabilité notamment. C’est l’un des premiers apports en capital de votre entreprise auquel vous pourrez prétendre après sa création. Vous pouvez trouver des fonds d’amorçages privés, publics et semi-publics. Il pourra par exemple s’agir de banques, d’assurances, et même de l’Etat lui-même. Si vous êtes incubé, il est également possible de vous tourner vers votre incubateur. En effet, certains d’entre eux ont étendu leur accompagnement au financement. Pour ne citer qu’eux, Innovacom, Orange Digital Venture, Side Capital ou encore 50 Partners font partie de ces fonds d’amorçage.

Approcher un Business Angel

Lorsqu’un Business Angel prend des parts au capital d’une entreprise, ce n’est pas que pour apporter une aide financière. En effet, un Business Angel est une personne privée qui a également vocation à vous faire profiter de son expérience et de son réseau pour vous aider à vous développer, aussi bien humainement que professionnellement d’ailleurs. Vous vous en doutez, mieux vaut choisir quelqu’un qui comprendra votre univers et qui sera en capacité de vous conseiller comme il se doit. En plus de son expertise, il injecte son argent personnel pour des tickets moyens situés entre 150 et 800 k€.

Un Business Angel présente une véritable valeur ajoutée pour les très jeunes entreprises puisque sa vocation est de les aider à bâtir leur projet.

Si vous voulez approcher un Business Angel pour votre prochaine levée de fonds, il faudra vous tourner vers des réseaux tels que Paris Business Angels ou France Angels.

Faire entrer un fonds de capital-risque

Très connus, les fonds de capital-risque investissent dans des entreprises qui en sont au stade du projet et de la commercialisation. Leur nom est lié aux risques qu’ils prennent en investissant dans des entreprises qui n’ont pas encore fait leurs preuves, ou qui présentent de faibles performances.

Lorsqu’il entre au capital de votre entreprise, un fonds de capital-risque parie à la fois sur votre idée, sur votre personne et sur le potentiel de commercialisation de votre projet. Vous pourrez l’appater plus facilement si vous lui démontrez que la maturité en terme de chiffre d’affaires n’a pas encore été atteinte au regard de votre capacité à conquérir des parts de marché supplémentaires. Avec un fonds de capital-risque, l’investissement se fait toujours par le biais d’une participation au capital pour un ticket situé entre 2 et 10 M€. Font partie de ces fonds de capital-risque Isai, Partech Ventures ou encore Kima Ventures entre autres.

Accéder aux fonds de capital développement

Le fonds de capital développement concerne uniquement les entreprises matures qui ont été créées depuis plusieurs années et qui ont des perspectives de croissance importantes. Vous pourrez en solliciter un pour votre levée de fonds si votre objectif est de financer des projets d’innovation et de croissance à l’international, de racheter des concurrents ou encore de financer une introduction en bourse. Les tickets sont cette fois-ci supérieurs à 5M€. On peut notamment citer BNP Paribas développement et CapHom Invest.

Les autres fonds

D’autres fonds plus spécifiques sont également accessibles. Vous êtes une entreprise innovante ? Alors vous pouvez faire appel au capital-innovation dont l’objectif est, comme son nom l’indique, de financer des entreprises innovantes. Il intervient aussi bien dans les phases d’amorçage et de création qu’en post-création. 360 Capital Partners et Entrepreneur Venture font par exemple partie de ces fonds de capital-innovation.

Votre entreprise entre en Bourse ? Passez par un fonds de placement qui investira soit via des actions, soit via des obligations, soit via des instruments du marché monétaire. Vous voulez racheter ou céder une entreprise ? C’est un fonds de transmission qu’il faut solliciter.

Enfin, vous évoluez dans le monde des crypto monnaies ? Bonne nouvelle, un fonds vous est consacré : le fonds d’investissement ICO (Initial Coin Offering).

Les émissions TV pour lever des fonds

La première émission TV de ce genre s’appelle Dragon’s den, et a démarré au Canada et au Japon.
Depuis, le célèbre Shark tank a envahi le monde depuis les Etat-unis avec une émission très punchy et efficace, elle existe depuis 2010 !
La France s’est enfin lancée dans le jeu avec l’émission « Qui veut être mon associé ? » lancée par Julien Courbet et avec des tops entrepreneurs comme Marc Simoncini, Catherine Barba, Delphine André ou encore Frédéric Mazella.

Liste des fonds d’investissement de startups

• Day one partners
• Isai

• 123 Venture
• 360 Capital Partners
• 3i
• 3T Capital
• A Plus Finance
• Accel Partners
• Ace Management
• Alven Capital
• Apax Partners MidMarket
• Aquitaine Création Investissement
• Ardian
• Arts et Biens
• Aster Capital Partners
• Astorg Partners
• Auriga Partners
• Aurinvest
• Banexi Ventures Partners
• Breega Capital
• CapHorn Invest
• Citizen Capital
• CM-CIC Capital Privé
• Elaia Partners
• Entrepreneur Venture
• Fadiese
• GPartners
• Groupe IRD
• Hi Inov
• I-source Gestion
• Idinvest
• Index Ventures
• Innovacom
• Intel Capital
• Iris Capital

• Isatis Capital
• Jaïna Capital
• Kerala Ventures
• Kima Ventures
• L Capital
• Mangrove Capital Partners
• Midi Capital
• Network Finance
• NewFund
• Nicominvest
• Oddo Asset Management
• Odyssée Venture
• Olma
• Omnes Capital
• OTC Agregator
• Otium Capital
• Partech Ventures
• Permira
• Pléiade Venture
• Rhône-Alpes Création
• Serena Capital
• Seventure Partners
• Sofinnova Partners
• Softbank Capital
• Truffle Capital
• Turenne Capital
• Upfront Ventures
• Ventech
• Xange Private Equity

A quel moment faut-il lever des fonds ?

Il n’existe pas réellement de « bon moment » pour réaliser une levée de fonds. Le montant de votre levée de fonds et le type d’investisseurs auquel vous aurez affaire dépendra du niveau de maturité de votre entreprise.

Si vous êtes au tout début du développement de votre entreprise, vous viserez la série Seed. Si vous pensez déjà à l’introduction en Bourse de votre société, vous viserez plutôt la Série C.

Qu’entend-on par série ? Il s’agit en fait d’un tour de table, d’une phase qui correspond à une étape de votre développement. En effet, une série ne correspond pas seulement à un montant mais bel et bien à un stade de développement de votre entreprise. Pour mieux comprendre ce système, voici les différents stades de la levée de fonds auxquels vous pouvez être confrontés.

Le cas d’une entreprise en early stage

Vous commencerez par un pré-seed, phase au cours de laquelle vous chercherez à obtenir des subventions et du Love Money. Vous en êtes à ce stade souvent lorsque votre entreprise en est à son tout début, parfois même lorsque vos statuts ne sont pas encore créés. Cette série est importante notamment si vous avez besoin de financer vos premiers prototypes ou de vous payer des bureaux. Dès lors, il faudra penser aux fonds régionaux, aux concours, et à BpiFrance et sa fameuse Bourse French Tech.

Vous enchaînerez ensuite avec la série Seed, au cours de laquelle vous réaliserez en fait votre première levée de fonds. C’est à ce moment là qu’interviendront les fonds d’amorçage, les Business Angels et le dispositif FEI de BpiFrance. Vous pourrez accéder à la série Seed si, et seulement si, vous avez déjà un MVP (Minimum Viable Product) et que vous avez trouvé vos premiers clients. Votre objectif à l’issue de cette série est de valider votre marché à grande échelle et de créer de la traction. Le ticket de cette série est compris entre 250 k€ et 700k€ en moyenne. Si vous obtenez un montant plus élevé dès cette première levée de fonds, vous faites alors l’objet d’un Seed +.

Vient ensuite la Série A qui concerne des montants entre 800 k€ et 3 M€, investis par des fonds de capital-risque. Le but de cette Série A est de rendre votre concept scalable, de conquérir le marché national et d’atteindre la rentabilité tant espérée. Pour accéder à cette Série A, vous devez prouver que vous avez déjà une certaine traction et que votre Business Plan a été validé.

Le cas d’une entreprise en développement

Votre entreprise se développe bien ? Après la Série A, vous pouvez passer à la Série B. C’est elle qui vous permettra de racheter vos concurrents et de vous développer à l’international.

Vient enfin la Série C qui signe généralement une entrée en Bourse. Les montants investis par les fonds spéculatifs et par les fonds de placement peuvent aller de quelques dizaines à quelques centaines de millions d’euros. Des chiffres vertigineux qui permettent à votre entreprise de continuer à se développer et de devenir leader de son marché. Si vous accédez à cette Série C, vous êtes en bonne voie pour devenir une véritable licorne.

Les séries peuvent ensuite se poursuivre jusqu’à l’infini.

Quelles sont les étapes clés d’une levée de fonds ?

Une levée de fonds ne s’improvise pas et doit suivre un protocole précis. Mieux vaut donc bien connaître la procédure pour s’y préparer au mieux.

Etape 1 : Préparer sa stratégie

Avant même d’aborder un investisseur, vous devez travailler votre Business Plan ainsi que votre prévisionnel financier et savoir quelle stratégie vous allez mettre en place à horizon 3 à 5 ans. Vous devez également produire un executive summary (une présentation de votre projet en 1 page) ainsi qu’un Pitch deck (une présentation type Powerpoint). Ce sont ces différents documents qui vous aideront à formaliser votre vision et à travailler votre discours pour être au point le jour J.

Etape 2 : Choisir le bon investisseur

Dans un premier temps, vous devez déterminer le montant dont vous avez besoin. C’est cette information qui vous permettra de savoir quel investisseur approcher. Pensez aussi à opter pour un professionnel qui ait une expertise dans votre secteur et qui évolue sur votre territoire régional.

Etape 3 : La rencontre de l’investisseur

Vous pensez avoir trouvé le bon investisseur ? Alors c’est le moment de le rencontrer. A l’occasion d’un futur rendez-vous, vous aurez 2 à 3h pour le convaincre et lui donner envie de vous rejoindre dans votre aventure. L’investisseur va quant à lui prendre le temps d’analyser votre écosystème avant de prendre sa décision.

Etape 4 : Le moment de la négociation

Pour qu’elle se passe dans les meilleures conditions, on ne peut que vous conseiller de signer un contrat de confidentialité (non disclosure agreement). Vous serez davantage protégé des oreilles indiscrètes pour parler d’actions et de chiffres en toute discrétion.

Etape 5 : La lettre d’intention

C’est par ce biais qu’un investisseur va vous témoigner son intérêt. Cette lettre va notamment aborder le montage financier, les atouts dont il dispose et les conditions suspensives mises en place. A ce stade, vous pouvez continuer à négocier et accepter ou non tout ou partie de la proposition qui vous est faite.

Etape 6 : La phase de Due Diligence

Une fois la négociation arrivée à son terme, l’investisseur va procéder à une fouille approfondie de votre secteur et de votre entreprise. Que ce soit le sujet de l’équipe, du time-to-market ou encore des projections financières, rien n’échappera à son oeil aguerri. Il faudra montrer patte blanche et ne pas hésiter à fournir toutes les pièces qui pourraient vous aider à faire aboutir votre levée de fonds. Vous ressortirez de cette étape avec un débriefing qui listera l’ensemble des points d’amélioration et des points de risques encourus par votre investisseur.

Etape 7 : La Lettre Ferme

La phase précédente a convaincu votre investisseur ? Félicitations ! Ce dernier vous fournira alors une Lettre Ferme de financement de projet (ou LOF) qui annoncera officiellement l’intention de l’investisseur d’entrer au capital de votre entreprise aux conditions prédéfinies.

Etape 8 : La phase juridique

Voici venu le temps de rédiger votre pacte d’associés. C’est ce document qui définira l’ensemble des droits, des obligations et des rôles de chaque associé. C’est également le moment d’acter l’augmentation de capital qui donnera lieu à un nouveau K-Bis comportant le montant redéfini du capital social de votre entreprise. Ce n’est qu’après réception des papiers par la banque que les fonds envoyés par l’investisseur seront débloqués par votre banquier. Vous recevrez alors votre investissement, ceci marquant l’entrée juridique au capital de vos investisseurs.

Vous avez désormais toutes les clés en main pour réussir votre levée de fonds à l’image de belles boîtes comme Meero, Doctolib ou encore Blablacar. Maintenant que vous avez compris le mécanisme de la levée de fonds, quels en sont les acteurs et la temporalité, il ne reste plus qu’à vous demander si elle est adaptée à vos besoins et à vos attentes.
Elle l’est ? Alors vous n’avez plus qu’à vous lancer ! 

Discussion avec Jean-David Chamboredon, du fonds d’investissement Isai

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