Leader parmi les entreprises qui œuvrent dans le monde de la vidéo publicitaire en ligne, Teads n’est plus à présenter. Le secret de sa réussite ?
Sa technologie “inRead”, un format de publicité innovant et non intrusif pour l’internaute. La vidéo publicitaire de Teads s’incorpore à l’intérieur des textes consultés par l’internaute, démarre et s’arrête automatiquement au gré de sa navigation.
Gros plan sur le parcours atypique de cette pépite de l’Adtech française.
Comment Teads a été créé ?
On ne peut pas parler de Teads sans plonger dans l’histoire de Wikio Group. Les deux parcours s’entremêlent.
Tout commence avec la création de Wikio Group par Pierre Chappaz en 2006. Il s’agit d’un portail d’informations et de prestations de service à l’adresse des blogueurs.
En 2009, Wikio fusionne avec Ebuzzing pour former Wikio Group. Le groupe acquiert également le site Nomao et la plateforme Overblog pour compléter son portefeuille.
En 2011, le groupe change de nom et devient Ebuzzing. Le site wikio.fr enregistre une baisse d’audience et le groupe est donc forcé à réorienter ses activités. Il se positionne dans le social media marketing. Dans sa lancée, le groupe acquiert BeeAd, un spécialiste de la diffusion de vidéo de qualité.
La même année est créée, au sein de l’incubateur de Cap Oméga, la startup Teads. Son activité se déploie autour de la monétisation de vidéos sur Internet. Quand ses fondateurs rencontrent Pierre Chappaz, leurs entreprises fusionnent pour donner naissance à Ebuzzing and Teads.
Le groupe n’a plus qu’une ambition : s’imposer dans la régie publicitaire spécialisée !
En prévision d’une entrée en bourse, la start-up Teads est dissoute et le groupe devient Teads.
La publicité digitale : un nouvel eldorado
Nous sommes en 2015 lorsque la publicité digitale bat son plein notamment avec Google Ads. 2,8 milliards de dollars ! C’est le montant du marché de la publicité en ligne cette année-là. Il est en constante augmentation par rapport aux années précédentes. Et ce chiffre n’allait pas en rester là.
Cette date marque un tournant dans l’histoire de la publicité. Les experts annonçaient un exode de la publicité télévisée vers la publicité sur Internet. Ils n’avaient pas tort.
En 2020, ce chiffre monte à 6,066 milliards d’euros. Ces mutations offrent de nouvelles perspectives. Cependant, elles imposent également de revoir les stratégies d’approche.
Tout d’abord, sur le plan des coûts, attirer l’attention des internautes n’est pas chose facile. Ces derniers ont tendance à se méfier des spams et autres publicités intrusives.
Les annonceurs doivent alors relever un nouveau défi : rattacher la publicité aux recherches de l’internaute. Teads l’a bien compris. C’est la raison pour laquelle ils ont mis en place la technologie « inRead ». Cette dernière permet d’intégrer la vidéo publicitaire dans les articles consultés par l’internaute.
Il s’agit d’une stratégie qui s’avère payante. Ce qui explique entre autres le succès de Teads !
Les chiffres attestent qu’un quart des utilisateurs passent à l’achat dans les douze semaines après avoir effectué des recherches sur Google. À cela s’ajoute l’efficacité du format vidéo dans la publicité.
Autant dire que Teads évolue dans une niche en pleine expansion. Et même si la crise de 2020 a eu des conséquences néfastes sur le secteur, cela semble s’améliorer dès le deuxième semestre.
Le rachat par Patrick Drahi
Quand le groupe Altice, spécialisée dans la télécommunication s’intéresse à Teads, l’entreprise enregistre l’un de ses meilleurs chiffres : 189 millions d’euros en 2016.
Voilà sans doute l’une des raisons qui a poussé Patrick Drahi à vouloir engager des négociations pour son rachat. Résultat de la transaction : Teads est racheté à environ 285 millions d’euros environ.
Voici ce que ce rachat a changé pour la pépite qui veut faire de l’ombre à Facebook et Google dans la publicité en ligne :
- Pierre Chappaz retrouve la direction de la division publicité du groupe Altice ;
- Un revirement quant à son ambition d’entrée en bourse. Celle-ci est jugée trop aléatoire par les dirigeants qui ont ainsi préféré opter pour la cession.
- Un acheminement vers la convergence entre médias et télécoms dans le domaine de la publicité. Avec ce rachat par Altice, Teads se donne un nouveau défi : adapter la stratégie de ciblage des publicités au format de la télévision.
Plus précisément, l’objectif ultime du groupe serait d’adapter les publicités au profil de chaque téléspectateur.
Ainsi, grâce à ce rachat par un groupe spécialisé dans les télécoms, Teads élargit son champ d’application. Pour la première fois depuis le début de son existence, le groupe arrêtera de se focaliser uniquement sur la publicité en ligne.
Il s’agit désormais d’investir un nouveau support publicitaire : la télévision. Malgré l’essor de la publicité en ligne, la publicité à la télévision n’a pas pour autant signé sa révérence. Les annonceurs doivent désormais adapter leur stratégie et intégrer leur stratégie en ligne et leur stratégie télévisée. Les deux supports doivent être harmonisés pour renvoyer une image cohérente au consommateur. Celui-ci doit être “traqué” sur tous les supports pour être sûr d’obtenir son adhésion.
Cette révision de stratégie s’impose au vu de la concurrence qui se fait de plus en plus pressante dans le monde commercial. Ce rachat devrait alors amener un nouveau souffle pour l’ancienne pépite française.
Le Nasdaq dans le viseur
En intégrant Altice, Teads bénéficie d’un nouvel élan pour envisager une entrée en bourse. D’ailleurs, c’est fait. La désormais filiale d’Altice Group a déposé un dossier en vue de son admission à Wall Street. Affaire à suivre !
En tous les cas, le contexte semble pouvoir le permettre. L’entreprise réalisait encore une très belle performance en 2020. En témoigne ces quelques chiffres :
- 456,78 millions d’euros de chiffre d’affaires soit une hausse de 6% par rapport aux chiffres de 2019 ;
- 94,74 millions d’euros de bénéfice.
- 820 employés à travers 23 pays.
La pépite montpelliéraine semble avoir fait son petit bout de chemin. Aujourd’hui, elle se présente comme une véritable alternative aux régies publicitaires de Facebook et Google. Mieux, elle a élargi ses activités pour proposer une plateforme plus fournie à disposition des éditeurs de sites et des annonceurs.
Notre avis sur Teads
Teads impressionne par sa capacité à insérer des vidéos de manière presque native sur les pages web. Par ailleurs, elle ne facture ses clients que si les vidéos sont visionnées, ce qui la démarque d’autres régies comme Youtube ou Facebook.
En conclusion, Teads se présente comme l’une de ces dignes représentantes de la French Tech à l’international. Sa technologie “inRead” a révolutionné le monde de la publicité en ligne.
Encore une entreprise qui a mis en place sa stratégie d’expansion en misant sur l’externalisation. Un pari réussi avec brio. Mais ce n’est pas fini ! Son entrée au Nasdaq est à suivre de près.